Conçu en quatre partie, le solo show de Yanne Kintgen, «Tranquilles inquiétudes» invite l’observateur à suivre le cheminement de l’artiste à travares les questions existencielles et leur expression artistique.
1. DIALOGUES DE SOLITUDES
Depuis les temps anciens, le concept du “je”, lié et en même temps délié de la masse, a occupé une grande place chez les penseurs et les artistes. L’Homme, entendu comme être singulier, est confronté à une réalité pleine de ses semblables, dans laquelle il se reflète et cherche à se définir.
Certains s’enfoncent dans la foule, d’autres luttent pour en émerger, refusant d’être partie d’une multitude qui semble réconfortante par son aspect d’unité. L’Homme est confronté à sa solitude parce qu’il est unique, entourés de ceux qui lui ressemblent mais qui ne sont jamais identiques, et avec lesquels il lui semble impossible de communiquer.
Ces idées sous-tendent les œuvres de la série “Dialogues de solitudes” de Yanne Kintgen. Que l’Homme soit canalisé dans une queue de corps dont il veut se défaire, ou qu’il soit tout seul aux prises avec son yin et yang, ou encore qu’il se rapproche de l’autre dans l’espoir de trouver en lui une ressemblance un peu plus confortable, le point final d’arrêt reste toujours un dialogue infini de solitude avec notre “je”.
2. ETRANGE APPENDICE
Suspendue dans cette réalité terrestre, victime du temps qui s’écoule inexorablement, la substance de l’être se modifie dans un devenir infini. Elle est différente à chaque instant par rapport à ce qu’elle était et à ce qu’elle sera.
Dans les travaux de Yanne Kintgen, intitulés “Temps suspendu”, le corps des individus s’élève au-dessus de paysages. Rien ne les retient, ni la nature ni le monde urbain, ils sont isolés des autres existences. Le temps semble avoir perdu sa capacité de mouvement. Les sujets eux aussi sont à l’arrêt, la moitié du corps prise dans une enveloppe, qui leur permet de n’entendre que leur écho.
Dans cette dynamique, l’homme, sujet de ces œuvres, ne lutte pas pour se dégager de la temporalité mais pour s’inscrire en elle, comme s’il voulait prendre conscience de sa propre existence, encore une fois en se confrontant avec le seul interlocuteur qui peut le comprendre : lui-même.
3. COCON
Les philosophes les plus anciens l’appelaient pneuma, les présocratiques l’appelaient archè, les Stoïques ont commencé à l’appeler âme. Tous ces différents concepts ont en commun l’idée de quelque chose qui préexiste et persiste en flottant en nous avant notre naissance, et au-dessus de nous jusqu’à l’instant de la mort.
Elle est l’origine, ce qui donne la vie aux choses et aux êtres de la Terre.
Dans la série “Cocon”, Yanne Kintgen travaille sur une vision microscopique de ce flottement éternel. L’artiste construit une mini chorégraphie de ce qui arrive dans les secondes de suspension qui précèdent les moments extrêmes de notre vie : l’origine et la fin, en réfléchissant la métamorphose qui entourent ces évènements.
4. L’INTRANQUILLITÉ
Un ciel limpide couvert par des nuages noirs, un désert plongé dans le brouillard, une nébuleuse futuriste et une étendue de mer. Ce sont les paysages représentés dans la série de mini-vidéos, crées par Yanne Kintgen.
Les projections ont lieu dans des boite-miroirs qui élargissent la perception de l’image, la tournent, l’agrandissent, la renversent, créant des jeux d’espace et de reflets qui transforment la réalité.
Calmes en apparence, ces séquences révèlent tout le contraire : une incroyable forme d’inquiétude.
Pour échapper au chaos de la métropole, à toutes les situations qui remplissent notre quotidien, et aux murmures intérieurs, ces petits univers, aux mouvement répétitifs, semblent des réalités apaisantes dans lesquelles on peut se réfugier.
Cependant, une fois arrivé dans l’espace lointain enfoui dans nos têtes, le ressenti semble se renverser : les espaces dans lesquels on se plonge sont trop calmes, il n’y a personne, à part nous-même. Cependant le caractère onirique des mini-vidéo semblent être une invitation de l’artiste à apprivoiser nos inquiétudes jusqu’à une forme de tranquillité, tout en laissant cette part de chaos en nous, conçue comme une force de mouvement, de création.