L’exposition La trace réunit deux artistes français, qui ont tous deux au cœur de leur réflexion l’habitat. Les volumes-sculptures, véritables biotopes de Manuèle Bernardi répondent aux dessins et peintures à géographie humaine des logements de Frédéric Garnier.
Archéologues de notre temps, ils ont suivi les empreintes, collecté les indices, catalogué et archivé les vestiges de ce qui est passé. A la recherche d’une prise de conscience dans cette inconsciente marque du passage.
Si les installations de Manuèle Bernardi ont une haute densité poétique, elles recèlent en leur cœur une fragilité troublante. Attachés à des fils de nylon, ces petits riens vacillent joyeusement sur eux-mêmes, inconscients de leur signification. Individuellement ils ne sont que les traces d’une vie passée, d’un homicide involontaire, ensemble ils reforment un écosystème frémissant qui cherche à protéger son centre. Une constellation nouvelle autour d’un astre visible ou dissimulé qui réinsuffle une forme de vie. L’allégorie ne s’arrête pas là, Manuèle protège ses installations d’une feuille de plexiglass transparent qui n’est pas sans rappeler la couche d’ozone.
Suspendus dans les airs par des fils qui semblent bien trop fins pour les retenir, les habitats des No Mades, de Frédéric Garnier sont lestés de lourds matériaux de construction. La ligne d’horizon oblique, colorée à l’aérosol, ne permet pas de fixer un point d’atterrissage pour ces frêles logements. Ils errent. Les maisons ready-no-made, faites de ces riens jetés, abandonnés, puis récupérés ce sont les images peintes dans la rétine de l’artiste de la jungle de Calais. Ainsi, le projet d’une civilisation installée sur Mars est ankylosé du ciment qui coule des bétonnières, objets satellisés par l’absurdité de ces deux rêves qui se croisent sans se voir.
La Trace
March 30th - 8th June 2019
Manuèle Bernardi
Frédéric Garnier